Alsace – 1 200 réservistes de l’armée de terre dans la région

Dans le Haut-Rhin, le 152e régiment d’infanterie (Colmar) et le régiment de marche du Tchad (Meyenheim) comptent respectivement 200 et 190 réservistes. Dans le Bas-Rhin, les régiments rattachés au commandement des actions dans la profondeur et du renseignement (CAPR) accueillent 210 réservistes (54e régiment de transmissions de Haguenau), 200 (2e Hussards de Haguenau) et 110 (44e régiment de transmissions de Mutzig). Ils sont 64 au 28e groupe géographique de Haguenau. Les états-majors ont aussi des réservistes : 71 à la 2e brigade blindée (Strasbourg), 30 à l’Eurocorps (Illkirch) et 105 au CAPR (Strasbourg).

Davantage de réservistes dans les régiments de la région

Avec six régiments et trois états-majors (152e RI, 2e RH, RMT, 54 et 44e RT, 28e GG et états-majors 2e BB, Eurocorps et CAPR) implantés dans le Bas-Rhin et le Haut-Rhin, l’Alsace est un territoire de prédilection pour les forces armées. De plus en plus d’Alsaciens s’engagent dans la réserve opérationnelle militaire malgré les contraintes et des entreprises qui peinent à libérer leurs salariés.

La réserve opérationnelle militaire (armée et gendarmerie) suscite un réel intérêt en Alsace. Ainsi, dix marsouins ont été recrutés en 2022 par le régiment de marche du Tchad à Meyenheim, 25 en 2023, 43 en 2024. Le RMT compte désormais 190 militaires réservistes dont une grosse centaine au sein de la 9e compagnie. Pour cette année, le régiment entend recruter 30 réservistes en faisant un effort sur la fidélisation et l’allongement des périodes de service d’une durée moyenne actuelle de 15 jours. « Nous voulons qu’ils acquièrent davantage d’expérience pour pouvoir les insérer dans des compagnies d’actifs », explique le lieutenant-colonel réserviste Yves Schoebel, adjoint au commandant du RMT (et membre de l’Amicale du RMT).

Le lieutenant-colonel Yves Schoebel au stand de tir du RMT : « nous voulons que les réservistes acquièrent plus d’expérience ». Photo Nicolas Pinot

Mais trouver le temps pour s’engager dans la réserve s’apparente souvent à un parcours du combattant. En outre les réservistes passent généralement sous les radars de leur employeur, car ils n’ont pas l’obligation de se faire connaître auprès de leur entreprise ou collectivité territoriale. « Ils doivent simplement anticiper leur absence via des justificatifs de convocation », indique le fabricant de meubles Schmidt Groupe, leader français de la cuisine.

Même les conventions signées avec des représentants de la Défense laissent planer le mystère indique la Collectivité européenne d’Alsace. Si 25 agents de la CEA ont demandé à bénéficier des congés prévus par le code général de la fonction publique sur la base du dispositif de 2024, « les agents n’ayant pas mobilisé leurs congés ne sont pas recensés par la collectivité ».

Des réservistes à la manœuvre lors d’un stage d’aguerrissement des réservistes au Régiment de marche du Tchad RMT, à Meyenheim. Photo Jean-Francois Badias

Contraintes professionnelles et familiales
Les conventions passées avec les entreprises et les collectivités territoriales, près d’un millier ont été signées en France, visent à « réduire les délais de prévenance pour faciliter les congés accordés sur le temps de travail en fonction des nécessités de service et des impératifs liés à l’activité de réserve ». L’objectif est d’éviter que les employés et agents effectuent leur mission de réserve sur leurs congés et pendant les week-ends car il faut aussi penser aux contraintes familiales. « L’idéal est de les libérer sur leur temps de travail avec maintien du salaire », explique le colonel réserviste Didier Scherrer, correspondant garde nationale employeur (CGNE).

Le socle légal est de 11 jours minimum sans maintien de salaire. Lorsqu’il négocie une convention, Didier Scherrer veille « à aller au-delà des onze jours, avec un minimum de quinze jours, et évidemment avec le maintien du salaire. Dans ce cas, l’entreprise peut récupérer la solde du réserviste (elle va de 40 à 200 euros par jour selon le grade et la fonction) et bénéficie d’avantages fiscaux ».

Les nécessités de service des entreprises et des collectivités l’emportent
Peu d’entreprises signent des conventions, souvent par méconnaissance. « Nous ne sommes pas une annexe de l’armée », a pu entendre un administrateur alsacien favorable à la réserve opérationnelle lors d’un conseil d’administration. Pourtant, ces conventions ne sont pas contraignantes. Les nécessités de service des entreprises et des collectivités l’emportent sur les missions de la réserve. Dans les faits, les réservistes effectuent leur mission principalement sur leurs RTT, congés et week-ends, même si leur employeur s’est engagé à maintenir leur rémunération pendant leur absence.

Plusieurs entreprises voient l’intérêt de compter des réservistes dans leurs rangs, comme Alsachimie à Chalampé. « Ces hommes et femmes qui contribuent à la sécurité nationale sont des gens qui connaissent la valeur de l’engagement. Être réserviste c’est sortir de sa zone de confort, c’est être capable de s’adapter, d’apprendre. Ils apportent leur expérience, ce sont des gens très fiables, qui respectent les règles de sécurité, ce qui est fondamental dans le monde de la chimie », souligne le DRH Grégory Buzolich. « Les attentats de 2019 ont déclenché cette envie de m’engager dans la réserve. Je le fais par patriotisme, chacun peut contribuer à la sécurité de son pays, et parce que c’est une expérience enrichissante », témoigne ce salarié d’Alsachimie qui effectuent 70 jours de réserve par an, dont 60 jours sur son temps libre.

Source : L’Alsace – 09/04/2024